Résumé : Qui peut dire ce qu’il s’est vraiment passé cette
nuit où Paul-Marie, employé de mairie bien sous tous rapports, a
recueilli chez lui Enzo, jeune adulte atteint de déficience
intellectuelle ?
Dans ce village reculé de Provence où les préjugés
sont rois et où l’on condamne toute forme de différence, la vérité
importe peu. Et Paul-Marie est contraint de se cacher dans le grenier de
Claude, sa mère, pour échapper à la vindicte populaire.
Chronique : Ayant eu un énorme coup de cœur pour le tome 1 des Mémoires de la forêt de Mickaël Brun-Arnaud j'étais vraiment très curieuse de lire son premier roman pour adultes. "Les Vallées Closes" confirme le talent remarquable de ce jeune romancier et brillant libraire.
Dans la littérature française, j'avoue être particulièrement fascinée par les récits ayant lieu dans le milieu rural, je pense ainsi aux œuvres de Cécile Coulon, Franck Bouysse, Nicolas Mathieu et j'en passe. On retrouve un peu cette atmosphère proche du "country noir" américain à la David Joy, Donald Ray Pollock ou encore à la Chris Offutt même si le "rural à la française" possède indéniablement sa propre atmosphère.
Les Vallées closes s'inscrit un peu dans cette lignée tout en apportant sa propre pierre à l'édifice : on retrouve cette ruralité omniprésente qui conditionne même la personnalité et les choix des protagonistes. Il y a ainsi un florilège de personnages avec chacun son lot de défauts et de qualités : il y a ceux qui refusent et haïssent le changement et la différence, ceux qui rêvent d'un ailleurs et d'être acceptés tels qu'ils sont et enfin ceux qui aimeraient juste de la simplicité et de la bienveillance.
Avec une écriture à vif, l'auteur met en lumière trois protagonistes en particulier : la vieille Claude, femme attachante et réaliste qui souhaite juste protéger son fils; Paul-Marie le fils, un être profondément bon et sensible et enfin Enzo, jeune homme handicapé passionné par les Pokémon qui va s'ouvrir à la sexualité et à l'amour. Trois destins qui vont être broyés par la peur et la haine, par la maladie et la mort, par l'étroitesse d'esprit et la rancune.
J'ai été profondément touchée par cette écriture si juste, par ces personnages si sincères, par cette émotion qui transparait à chaque ligne. Le langage est parfois familier ou cru mais il s'équilibre parfaitement avec la philosophie de cette histoire. Même si j'aurais aimé que le milieu rural soit dépeint de manière moins "manichéenne" avec des personnages secondaires plus complexes et moins emmurés dans les préjugés, j'ai trouvé cette lecture bouleversante et Mickaël Brun-Arnaud s'inscrit ainsi définitivement parmi mes écrivains français favoris.
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