Petites dents, grands crocs - Emilie Guillaumin

Résumé : Sarah Barry, épouse et mère en apparence comblée, a quitté les RH d’une grande entreprise pour s’accorder une année d’écriture. Mais alors qu’elle dispose enfin du temps nécessaire, le piège de la domesticité semble se refermer sur elle.
Cela commence par une fatigue inhabituelle, des chutes de cheveux, et puis il y a ces maux de tête lancinants.
Quand il n’est pas en voyage d’affaires, son mari la couve, la chahute, la questionne. Entraînant leur fils dans ce manège qui ne tourne plus très rond. À moins que ce ne soit elle qui fantasme ?

 

 

 

 

 

 

Chronique : Après le passionnant L'Embuscade, Émilie Guillaumin revient avec un roman sombre et mystérieux...

Lorsque j'ai commencé ce livre, je souffrais d'une légère panne de lecture et je peux vous garantir que ce titre a réussi à me remettre sur les rails !

Roman de l'intime ou polar psychologique ? À vous de choisir car les deux peuvent se justifier. La belle Sarah Barry a un travail enrichissant, elle est en même temps une épouse dévouée et une mère remarquable, enfin à première vue. Derrière les apparences, Sarah étouffe, se noie et rêve d'un ailleurs. C'est ainsi qu'elle décide de quitter son travail pour se lancer une année dans l'écriture mais son projet va être confronté à différents obstacles...

Il y a ce mari dont la réussite professionnelle explose et qui demande toujours et encore plus à sa femme pour le soutenir au point de laisser glisser de plus en plus des remarques acerbes et dégradantes, il y a ce fils qui a un comportement de plus en plus agressif et déstabilisant, il y a les autres dont notamment la belle-sœur qui semblent la juger constamment, il y a ce corps qui semble vampirisé par toutes ces exigences sociales et cela amène Sarah à rentrer dans une forme de paranoïa jusqu'au dénouement final.

La question perpétuelle est alors de savoir si tout se passe dans la tête de Sarah ou si ses doutes sur son mari et son fils sont justifiés? La fin ouverte laisse place à l'interprétation mais elle permet surtout de souligner l'ambivalence et la complexité des sentiments et des impressions. Ce roman peut ainsi être lu comme un conte horrifique, un polar psychologique ou un récit intimiste démontrant la difficulté d'être à la fois femme, mère et épouse dans un monde qui exige toujours plus des femmes : la beauté, la réussite professionnelle, l'instinct maternel, le dévouement au mari et j'en passe.

Ainsi j'ai lu ce roman d'une traite, il est redoutablement efficace car l'auteure met en exergue toutes les pensées même les plus sombres de son héroïne. Après je reste un peu dubitative sur cette fin, je suis plutôt une adepte des fins claires et précises mais je comprends que cela permette de rendre le tout encore plus mystérieux...