mardi 25 avril 2023

Un oeil dans la nuit - Bernard Minier

Chronique de Scarlett

Résumé : Dans les montagnes, retiré du monde, un réalisateur de films d’horreur, Morbus Delacroix.
Culte, misanthrope, fou.
Parmi ses fans, une étudiante en cinéma.
Fascinée, intrépide, inconsciente.
À Toulouse, un as des effets spéciaux est retrouvé mort, ligoté sur un lit d’hôpital.
Et si ce meurtre trouvait sa source dans un film maudit ?
Pour le commandant Martin Servaz, peut-être la plus grande énigme de sa carrière…





Chronique :

«-Chaque tournage est une messe noire, Judith, et, de temps en temps, il se peut que la sorcellerie opère. Que quelque chose surgisse des profondeurs, que le spectateur entrevoie… l’inexprimable. »

 

Dans un hôpital d’Ax les thermes un homme mourant confesse à un prêtre avoir été démoniaque et lui confie une missive à transmettre. À Toulouse dans un établissement psychiatrique Stan de Welz  technicien de cinéma est retrouvé mort dans son lit mutilé ; des abeilles au fond de la gorge,  une spirale est dessinée sur son drap.

Et voilà comme dans tous les romans de Bernard Minier on démarre sur les chapeaux de roues avec « un œil dans la nuit ». Outre l’histoire addictive dont il n’est pas raisonnable d’en dire plus, on croise des personnages hauts en couleurs parfois simples mais plus souvent complexes voire compliqués, bizarres pour certains, dangereux pour d’autres, certains très humains dans leurs fêlures et leurs failles et on côtoie aussi de sacrés tordus.

L’auteur même s'il survole beaucoup de sujets d’actualité à centrer son roman sur l’univers du cinéma ; d’horreur en particulier. On apprend ce qu’est le body painting horreur, le lecteur savoure quelques anecdotes cinématographiques intéressantes, plus généralement il est question de la définition, de la destination du cinéma, il est question de travelling, techniques et scénarios et tout cela dans un roman haletant qu’on ne lâche pas.

On retrouve aussi avec beaucoup de plaisir Martin Servaz, Vincent et Samira ses coéquipiers, son fils Gustav et tout un panel de personnages comme Morbus Delacroix le cinéaste de film d’horreur mythique solitaire, un peu hautain plus que passionné par son art. Celui-ci fascine Judith, une jeune étudiante fauchée venue l’interviewer dans sa tanière pyrénéenne non sans arrières pensées.

Et puis dans les romans de Bernard Minier, il y a l’histoire passionnante, les personnages attachants ou répugnants, mais aussi des atmosphères, des climats divers et variés de pluie, d’orage, les tempêtes bretonnes et la chaleur somnolente du Sud, les forêts humides et enveloppantes. Toutes ces ambiances, ces odeurs donnent corps au roman. De plus l’auteur pour maîtriser le rythme soutenu du livre alterne des séquences courtes sur l’enquête de Servaz focalisé au départ sur le meurtre de Du Weltz dans l’hôpital psychiatrique et la visite de Judith chez Morbus le cinéaste ainsi que la visite du prêtre chargé d’une missive à transmettre en Bretagne à un personnage mystérieux.

L’auteur une fois de plus rend hommage par de petits clins d’œil à un autre grand du polar Frank Thilliez.

Au final si vous avez envie de croiser des cinéastes grandiloquents, géniaux et/ou fous à la fois, des prêtres curieux, des étudiantes en quête de réponse, des êtres malfaisants, un film fantôme et maudit, et des personnages que vous aimez déjà retrouver ou que vous découvrirez avec plaisir et bien foncez. Ce sera un très bon moment de lecture,  moi personnellement cela me fait un bien fou, je m’évade, j’essaye de trouver qui et pourquoi, je m’attache à des personnages  alors merci pour ce moment d’évasion.

«Il y avait dans ce décor de forêt et de montagne, dans cette solitude du soir qui descendait, dans le chant humide du torrent, dans l’ombre grandissante des bois, une tristesse et une mélancolie qui l’étreignirent puissamment.».



 

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