A l'orée de la nuit - Charles Frazier

Lu en : V.F. (Grasset)

Titre original : Nightwoods (Traduction : Brice Matthieussent)

Résumé : Dans l’Amérique des Sixties, au fin fond des Appalaches où elle vit retranchée, loin des soubresauts du monde, Luce, jeune femme farouche et indépendante, se voit confier la charge des jumeaux de sa sœur défunte. Ayant vu leur père, Bud, une brute épaisse, assassiner leur mère, les orphelins traumatisés se sont réfugiés dans un mutisme inquiétant, où sourd une violence prête à exploser à tout moment. Patiemment, Luce va tenter de réapprendre la vie à ces deux écorchés vifs, et elle-même de reprendre goût à l’amour et à la compagnie des hommes. À celle, en particulier, de Stubblefield, nouveau propriétaire des terres où elle s’est établie. Mais leur idylle est menacée par le retour de Bud, blanchi du meurtre de sa femme et bien décidé à retrouver le magot que les deux enfants, croit-il, lui ont volé. C’est le début d’une longue « nuit du chasseur » : un western d’une beauté crue et crépusculaire, où Charles Frazier se révèle une fois de plus, après l’immense succès de Retour à Cold Mountain, comme l’un des grands romanciers des espaces américains.

Je remercie sincèrement les éditions Grasset et plus particulièrement Madame Narèce pour m'avoir permis de lire ce très bon roman étranger pour cette rentrée littéraire.

French Touch : An excellent novel mix of characters broken by the existence of beautiful descriptions and touch of hope.

Chronique : Grasset nous donne la chance de retrouver l'auteur de Retour à Cold Moutain au travers d'une histoire plus intimiste, un roman accompli rempli de protagonistes approfondis et parcheminé d'une écriture magnifique.

Luce représente la jeune femme fragile mais solide, farouche et volontaire, dont les choix de vie l'on amené à la solitude et ce afin de mettre fin à toutes ses désillusions sur la nature humaine. A ses côtés se trouvent les deux jumeaux qui sont des êtres perturbés, sauvages, enfermés dans un autisme accidentel du à l'agression extrêmement violente de leur mère. 

Le protagoniste que j'ai le plus aimé est Stubblefild : attachant, il ressemble au dandy aventurier sans ambition excessive mais avant tout dans la quête de la douceur de vive, il représente la candeur au milieu de tous ces personnages cassés, c'est la note de fraicheur. Autre personnage Maddie la vie femme qui vit retranchée, elle a du bon sens et va au-delà de toutes les souffrances.

L'histoire peut s'assimiler au nature writing, genre que j'affectionne tout particulièrement. Charles Frazier décrit de façon superbe la nature notamment avec cette faculté purement américaine de mettre en lumière la petite ville et la simplicité du fond des Appalaches : le quotidien, la vie monotone et sans surprise de la plupart des gens. L'auteur montre ainsi toute la misère humaine sans entrer dans le pathos mais dans la pure recherche de réalité.

Ce qui est le plus "merveilleux" dans ce livre c'est l'écriture. Elle est très belle, souple, imagée, les moments de descriptions sont extraordinaires et l'on reconnait là le grand écrivain, auteur du célèbre Retour à Cold Mountain. 

En définitive, les éditions Grasset ont publié pour cette rentrée un excellent roman étranger qui saura combler les amoureux de la nature et des grands espaces mais aussi des personnages brisés qui ne veulent plus de rédemption, seulement le calme d'une existence solitaire.