vendredi 15 mai 2015

Interview - Marie Neuser

Un grand merci à Marie Neuser pour cette interview, et Merci aux éditions Fleuve ainsi qu'à Roxane pour cette super lecture ! 

Prendre Lily sort aujourd'hui en librairie (15 mai) !! 

- Comment vous est venue l'idée de Prendre Lily ?
- Marie Neuser : J’ai découvert ce fait divers italo-anglais en 2010, au moment où il touchait presque à sa  conclusion, et je n’ai cessé dès lors d’être obsédée par cette histoire… dont Prendre Lily ne narre que la fin… Car j’ai passé sous silence les dix ans de délire en branche de l’enquête italienne que nous découvrirons dans le tome 2. Un thriller à l’envers.

- Avez-vous un processus particulier d'écriture ?
- M.N. : Pour « Prendre femme », j’ai tout d’abord reconstitué entièrement 17 ans d’enquête (d’une façon assez sommaire, tout de même, pas comme une journaliste) en glanant tout ce que je pouvais trouver sur mon tueur et sur les errances des enquêteurs dans les médias et sur le web. Une fois que j’ai eu le cheminement des faits au jour le jour, le tout consigné dans des petites fiches sans cesse classées et reclassées, sur des frises chronologiques, j’ai commencé à me « raconter » l’histoire en y insufflant une logique de comportement, de motivation, de déduction pour chacun des personnages. Cette enquête laissait apparaître des zones d’ombre que je me suis empressée d’éclairer avec ma logique à moi… Une vraie Sherlockette du dimanche…

- Quelles sont vos références littéraires ?
- M.N. : Aucune, et toutes. Ni Dieu ni maître ! Je suis une lectrice omnivore, je n’ai lu que de la « blanche » jusqu’à ma découverte d’Ellroy il y a une quinzaine d’années, lequel m’a donné envie de m’enfoncer davantage dans le roman noir (que je préfère au « polar » à énigme ou au thriller). Mais je crois que ce sont les plumes de Julien Green, de Colette, de Lobo Antunes, de Tom Spanbauer, de Gide, de Mauriac, d’Elsa Morante, de Calvino, de Buzzati, de Selby et de dizaines d’autres qui m’ont furieusement donné envie d’écrire…

- Aimeriez-vous une adaptation cinématographique ?
- M.N.: Ouiiii ! Avec Jude Law en Gordon McLiam, je prends tout de suite !

- Pourquoi choisir un fait divers comme toile de fond à votre roman?
- M.N.: J’ai une attirance presque morbide pour les faits divers, surtout pour ceux qui sortent de l’ordinaire (qui ne sont plus divers, du coup, mais plutôt des faits singuliers) parce qu’ils posent la question du passage à l’acte, de la pulsion, de l’abolition des interdits, des passions, des responsabilités individuelles ou collectives, de la psychanalyse ou de la psychiatrie, de la construction des êtres, etc… Bref, dans le fait divers, il y a l’humain. Et comme je préfère (artistiquement parlant) de loin l’humain complexe et tordu à l’humain fadasse, je m’y retrouve.

- Quel est l'élément le plus important pour vous dans Prendre Lily ?
- M.N.: La lourdeur aliénante du temps qui passe en entraînant avec lui des hommes sur le point de se rompre. Et le jeu du chat et de la souris avec un être nauséabond.

- Comment réussir à tenir en haleine son lecteur sans se baser sur la découverte finale du tueur ?
- M.N.: En faisant comprendre tout de suite au lecteur qui est le tueur ! Du coup, s’il adhère à mon petit jeu, il accepte que ce n’est pas ça l’intérêt du livre, il devient un arbitre omniscient et ronge son frein avec les enquêteurs. Le suspense se déporte de « qui est l’assassin ? » (le truc à la Agatha Christie qui personnellement m’a toujours gonflée…) à « comment, pourquoi,  à cause de quoi, de quelle béance, de quelle bévue, de quelle négligence, etc ????? ». Enfin, c’est comme ça que j’ai réfléchi en écrivant « Prendre Femme ». Il ne me reste plus qu’à espérer que le lecteur sautera dans le vide avec moi.

- Pourquoi écrire un thriller ?
- M.N.: C’est le premier que j’écris, et encore, je ne pensais pas qu’on le classerait parmi les thrillers. Mon premier roman était un roman noir à dominante psycho-sociologique, le deuxième un drame familial tendu et paranoïaque plutôt hitchcockien, celui-ci lorgne sur le thriller… C’est ce que j’ai envie de raconter qui me pousse dans ses formes variées et variables. Je n’aime pas l’idée d’appartenir à un genre.  

- Quel est votre prochain projet d'écriture ?
- M.N.: Une longue introspection de femme à la dérive… Une envie d’écrire l’amour fou. Mais pas le rose avec les angelots… Je ne sais pas. Je cherche. Je remplis des pages en naviguant à vue.

- Un conseil pour les écrivains en herbe ?
- M.N.: Se dépouiller et chercher à aller au plus près de la vérité. Ouh ! Facile à dire…

- Un message pour vos lecteurs ?
- M.N.: Acceptez de vous laisser entraîner vers la torpeur, les faux-pas, les impatiences sans cesse trahies… Et savourez bien mon « Hair-in-Hand killer », vous le retrouverez peut-être bientôt…

Encore un grand merci à Marie Neuser et Fleuve éditions ! :) 

9 commentaires:

  1. Je l'ai pris aujourd'hui suite à ta chronique :-) Je le commence ce soir (j'ai aussi pris 2/3 livres pour ma fille et un pour ma compagne, ce qui veut dire que ce blog est officiellement la cause future de ma faillite personnelle...)

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  2. super ! tes questions sont pertinentes, et les réponses donnent à nouveau envie de découvrir ce Hair-in-Hand killer ! j'adore !!!

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  3. Très belle interview, j'aime beaucoup tes questions..elles sont vraiment intéressantes ;)

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  4. Très intéressante interview ! Merci Léa ! Hâte de lire la suite :)

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  5. Ton interview me donne encore plus envie de découvrir ce roman :)

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  6. Félicitations pour cette interview, et surtout un grand merci !

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  7. Bravo pour l'interview, très intéressante ! Je pense que je vais me laisser tenter !
    Bonne lecture !

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