Résumé : Une ferme familiale en Bretagne. Les vies s’écoulent sans répit entre
terres agricoles et océan. Le père travaille aux champs, la mère tient à
ses livres. Trois frères nés à quelques minutes d’intervalle essaient
de tracer leur chemin. Une femme aux élans de guérisseuse passe de l’un à
l’autre, selon qu’ils ont besoin d’être sauvés ou qu’ils tiennent à
nouveau sur leurs pieds.
Les cycles de la terre, les guerres du monde, le charivari du business,
l’amour, la perte de l’amour, le deuil, les fantômes, le hasard, la
fratrie pour horizon ou tombeau.
À quelques minutes d’intervalle, ce sont l’ordre, les rôles, les destins
qui s’écrivent, et il faut presque une vie, et beaucoup de chaos, pour
déjouer les prédestinations et prétendre à renaître.
Chronique :
«Quand je les ai en main, vous voyez, je tords la peau de leur couverture qui se greffe à ma paume. De leur papier si fin monte le vent des mots, le silence me prend et m’emmène dans des recoins de mondes inattendus. Ils m’envoient des messages ; je leur donne mes pleurs et mes sourires chaque fois renouvelés, chaque fois différents.»
Dans « Au départ, nous étions quatre » très subtil premier roman l’auteur donne à tour de rôle la parole à trois frères jumeaux nés dans une ferme bretonne près de la mer.
Gus, Gil et Grégoire sont aussi différents qu’identiques. Ils sont nés presque au même moment, dans un même lieu et autant chacune de leur personnalité va les emmener vers des horizons divergents ; autant leur histoire commune les liera à jamais dans ce qu’ils sont intrinsèquement.
Nous nous baladerons d’une vie à l’autre, avec Gus et ses envies d’échapper à la ferme qui part à la ville et devient dans un premier souffle commercial en lingerie fine , qui rencontre Jéromine une artiste dessinatrice de tatouage et qui avec le temps sera rattrapé par le passé. Gil pour couper un peu le cordon de ce trio incontournable choisit un lycée agricole pour y apprendre à exister sans ses frères et revient ensuite bien ancré dans la terre s’installer à la ferme parentale. Quant à Grégoire que tous surnomment PS il sera soldat, un homme vif mais aussi tourmenté qui revient tel l’enfant prodige après ses missions extérieures.
P.E Cayral nous livre leurs pensées, leurs émotions mais aussi celles de leur entourage ; les parents, les amis , les compagnes interagissent dans la vie de ses trois hommes et font bouger les curseurs de leur choix respectif. Ces trois frères porteront toujours en eux conscients ou inconscients le poids de l’absence du quatrième frangin mort né.
Ce roman nous parle de la douleur de perdre un être cher mais aussi du désir d’enfant, de l’intimité d’un couple, de la vie de soldat fermier ou bien commercial, des lieux qui nous déterminent, des histoires aussi qui nous façonnent, des rencontres qui orientent nos vies .
L’auteur dans une écriture délicate trouve les mots justes pour décrire les choses simples et essentielles d’une vie, de leurs vies, de la vie. Les protagonistes par leurs bonheurs, leurs espoirs mais aussi leurs tragédies et leurs tourments deviennent des personnages héroïques de la vie quotidienne.
Ce roman est aussi teinté d’une incommensurable nostalgie, cette douleur originelle qui définira tellement les destinées de chacun, c’est bouleversant .
Merci à l’auteur pour ce très beau premier roman.
…
«Dans l’encre crépitante et la vie qui s’en va, le feu inonda d’orangés et de temps arrêté la pièce tout entière. Pourtant, son visage me sembla vibrer encore longtemps dans la danse des flammes
Tiens encore, s’il te plait ! Dis-moi ton nouveau rêve !.»
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